OPERA – Unique opéra de Béla Bartók, Le Château de Barbe-Bleue est remarquable : décor unique, en un seul acte, long dialogue entre deux personnages. Une action resserrée au maximum pour une concentration d’énergie dramatique exceptionnelle, dont l’intensité ne retombe jamais.
Après une introduction, où les éléments du drame sont mis en place, commence la lente ouverture des portes…
« Le poète symboliste Béla Balázs signe le livret du Château de Barbe-Bleue. Il décrit l’affrontement entre Barbe-Bleue et sa quatrième femme, Judith. Un conte riche en allusions allégoriques qui permet des lectures multiples : condamnation de la curiosité féminine; conflit entre l’homme, rationnel et créateur, et la femme, inspiratrice et intuitive; ou destruction de l’équilibre d’un couple quand la quête de l’autre se fait trop intrusive. Une tragédie où l’amour se détruit lui-même après s’être exalté, comme par une fatalité inhérente à lui-même. C’est aussi, paradoxalement, la tragédie de la lumière et de la connaissance. »
L’univers harmonique envoûtant de cet opéra est ici rendu dans une version piano à 4 mains et une mise en scène plaçant l’action dans les bureaux d’un puissant trader, nouveau maître d’une planète malade de ses excès. Judith pénètre dans le « Château monétaire » par une porte blindée à digicode et y découvre un ordinateur aux secrets enfouis. Judith n’a plus d’autres soucis que d’ouvrir ces portes tenues fermées, pour dévoiler les mondes parallèles qui ne demandent qu’à jaillir. L’action, purement psycholohique, est rythmée par leur ouverture. La clef que Judith n’a de cesse de demander à Barbe-Bleue est une clef « USB » qui alimente l’ordinateur, projetant alors des images. Le Château apparaît comme un corps vivant, dont les stigmates incarnent un monde condamné par sa propre inertie. En en ébranlant les fondations, Judith amorce l’avènement d’une ère nouvelle, d’une conscience régénérée, pleinement active.
Inspiré par les musiques populaires magyares, Bartók inscrit avec davantage d’évidence que le livret, les références à la littérature et à la mémoire hongroise. En particulier, il travaille à l’articulation musicale de la langue hongroise, ce qui rend extrêmement difficile toute adaptation du livret dans une autre langue. L’action véritable se passe, pour l’essentiel, dans la partition. Chaque porte est caractérisée par un paysage sonore précis, dévoilant un monde onirique au chatoiement fantastique. La musique traduit admirablement les émotions, les changements d’humeur des deux personnages ainsi que les images que l’on découvre à chaque ouverture de porte.
Production : Le Château de Barbe-Bleue – Calune Opéra (2007) – Adaptation
Compositeur : Béla Bartók (1881 – 1945)
Livret : Béla Balázs (1884 – 1949)
Opéra en un acte
Langues : hongrois // surtitrage en français
[wp-svg-icons icon= »clock » wrap= »i »] Durée : 1h env.
[wp-svg-icons icon= »earth » wrap= »i »] Tout public
décembre 2010 – Théâtre des Mazades de Toulouse (31); avril 2008 – Espace Bonnefoy de Toulouse (31); février 2008 – Espace Bonnefoy de Toulouse (31)
Mise en scène : Emmanuel Delattre
Direction musicale : Christophe Larrieu
Décors et costumes : Cie Calune Opéra
Lumières et régie : Vito Eliantonio
Avec :
Judith : Mireille Bertrand
Barbe Bleue : Pascal Gardeil
Piano : Christophe Larrieu et Elisabeth Méric